Ces dernières années, une nouvelle menace difficilement perceptible s’est révélée particulièrement nocive pour les océans : les produits solaires.
On fait le point sur ces nouveaux dangers avec l’équipe de NIU, une start-up spécialisée dans les produits solaires biodégradables.
De quoi sont composés les produits solaires traditionnels ?
Crèmes, sprays et autres produits de bronzage présentent des compositions diverses qui ont un impact souvent négatif sur l’environnement. Filtres UV, compositions chimiques, contenants en plastique, processus de fabrication, rien ou presque n’est pensé pour réduire l’impact écologique.
Au sein de l’Union Européenne, 27 filtres UV, protecteurs contre les rayons solaires, peuvent être utilisés à différentes doses. Parmi eux, 25 sont chimiques (ou plutôt organiques), c’est-à-dire que leur principe d’action fonctionne par pénétration dans la peau et annulation des rayons.
Le problème, c’est qu’ils pénètrent aussi bien votre peau que les organismes marins. Et une partie d’entre eux sont des perturbateurs endocriniens. Ils ont des effets indésirables sur la santé et sont souvent mélangés, ce qui augmente les potentiels effets néfastes.
Les deux autres filtres sont minéraux, l’oxyde de zinc et le dioxyde de titane, et fonctionnent par réflexion. Le dioxyde de titane a été avéré cancérigène lorsqu’il pénètre un organisme. Il est souvent utilisé sous forme de nanoparticules pour améliorer son application et favoriser sa pénétration. Heureusement, des versions sans nanoparticule existent.
La crème solaire dans les océans
Lors d’une baignade, près de 25% de la crème solaire étalée sur le corps rejoint la mer. Ainsi, à l’échelle de la planète, entre 10 000 et 25 000 tonnes de produits solaires sont déversées chaque année dans les océans. Et ces chiffres sont en constante hausse.
Une fois en mer, ces particules circulent au bon gré des courants, et finissent par contaminer faune et flore aquatique. Elles sont parfois visibles à travers des nappes réfléchissantes à la surface de l’eau.
Ainsi, 4 000 tonnes seraient absorbées chaque année par les coraux. Une étude a montré que des produits solaires peuvent tuer le corail en à peine 48h.
Pourquoi est-ce nocif pour les récifs ?
Les filtres minéraux sous forme de nanoparticules et les filtres chimiques, entrent en contact avec les coraux et atteignent les zooxanthelles, des micro-algues qui vivent en symbiose avec ces derniers.
Ces organismes unicellulaires sont cruciaux pour les coraux car ils réalisent la photosynthèse du polype. Ils apportent les nutriments nécessaires au corail en créant de la matière organique. En échange, le corail offre protection et nourriture (CO2…).
Lorsque les filtres solaires atteignent les zooxanthelles, ils bloquent les rayons UV. Par conséquent, le processus de photosynthèse est bloqué et l’algue meurt.
Le blanchiment des coraux correspond dans un premier temps à la mort de ces micro-algues. Peu à peu, les coraux finissent eux aussi par mourir, et par conséquent, la quasi-totalité des espèces vivant dans ces habitats disparaît.
NB : Les filtres minéraux sous leur forme non-nano ne peuvent pas pénétrer les coraux et sont donc moins nocifs même s’ils affectent les environnements.
Quelles conséquences pour la faune marine ?
Les zooxanthelles et les coraux ne sont pas la seule espèce à subir la présence de filtres solaires dans l’eau. Eponges et bénitiers vivent également en symbiose avec les zooxanthelles et leur disparition affecte l’ensemble de la chaîne alimentaire.
Outre les problématiques liées aux algues, les filtres minéraux auraient des conséquences directes des poissons. Ces derniers deviendraient lymphatiques et nageraient plus lentement.
Les récifs coralliens des zones tropicales font partie des écosystèmes les plus riches et les plus diversifiés au monde. Bien qu’ils n’occupent guère plus de 0,2% des océans, ils abritent plus de 4 000 espèces de poissons et des centaines d’espèces de mollusques, crustacés, plantes…
Dans ces hauts lieux de biodiversité, les scientifiques estiment qu’un grand nombre d’animaux et de plantes sont encore inconnus. Ces récifs pourraient contenir plus d’un million d’espèces de plantes et d’animaux.
La disparition des coraux a un impact sur l’ensemble de la faune océanique et les conséquences sont difficiles à prévoir. Lorsque vous vous baignez, en eau douce comme en eau de mer, pensez à ne pas laisser de traces négatives sur l’environnement. Chacun d’entre nous a un rôle à jouer pour préserver l’équilibre de la planète et pour offrir aux générations futures la chance de découvrir les mondes magiques cachés sous les mers.
A propos de l'auteur
Benoit Chartrer est un membre fondateur et pilote le projet Fishipédia. Sorti d'une formation d'ingénieur en physique, il a progressivement changé de spécialisation en se tournant vers les technologies Web. Passionné de voyage et de biologie, il tient également un compte Instagram dédié à la photographie animalière.